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PRIERE POUR LA PAIX
 

Seigneur Jésus Christ notre Dieu, Toi qui es la source de la vie et de la paix au ciel et sur la terre, déverse la grâce de ta paix dans le monde bouleversé par la guerre et par la haine. Mets un terme aux conflits et à l’inimitié entre les hommes et répands dans le cœur de chacun l’humilité, la paix et la bonté. Calme ceux qui font la guerre et gratifie-les de sagesse. Accorde ton aide à ceux qui souffrent, ta protection aux réfugiés et aux errants et ta consolation à ceux qui sont expatriés et affligés ; et à nous tous, donne la volonté et le pouvoir d’aider de tout notre cœur nos semblables qui souffrent de la guerre. Toi qui as dit : « Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu », apprends-nous à chercher et à gagner la paix du cœur et la paix entre les hommes et entre les peuples, car, en un cœur habité par la paix, il n’est plus ni dissension, ni goût du pouvoir ni peur : il n’est en lui que consolation de l’Esprit saint, et amour pour Dieu et pour le prochain. Aussi, avec humilité te prions-nous, Christ notre Dieu, pour la paix entre les hommes de chaque pays, pour la paix entre les peuples et pour la bonne harmonie du monde entier, de sorte que nous vivions en bonne intelligence, que nous puissions accomplir sans obstacle des œuvres qui te plaisent, et que nous glorifiions l’amour pour les hommes du Père et du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

LA OU DEUX OU TROIS SONT REUNIS EN MON NOM JE                                    SUIS PARMI EUX
                                            
(Mat. XVIII-20)

Frères et soeurs en Christ,

Les deux années de pandémie qui viennent de s’écouler ont brisé la dynamique des liens sociaux, l’instinct relationnel ; le confinement a suscité un repli sur soi entretenu subtilement par la crainte de contagion et la règle de la distanciation physique, appelée sociale. Ce repli, malheureusement, n’est pas celui du retrait ou de l’isolement acétique mais celui de la rupture de l’élan relationnel et donc communautaire.

 Aujourd’hui le déroulement des événements laisse entrevoir la montée en puissance des passions. La guerre est une source de souffrances directes (les blessés, les morts, torturés, les prisonniers) et indirectes ( les conséquences matérielles et psychologiques) ; elle est aussi simultanément une épreuve pour la foi car la guerre s'accompagne immuablement de la haine, une haine qui ne demande qu’à s’entretenir et se démultiplier et qui conduit à s’éloigner toujours plus de Dieu. La haine, passion meurtrière et de division est l’ennemie de Dieu. Le seul antidote, la seule réponse à ce déchaînement est la prière ; la prière personnelle et la prière communautaire.

La prière personnelle est possible en tout lieu et en toute circonstance ; elle porte sur une demande, une louange, ou simplement une brève mémoire de Dieu. Mais une prière plus approfondie, plus difficile car elle s’inscrit dans ma relation personnelle avec Dieu, suppose un recueillement, loin du tumulte : « quand tu veux prier entre dans ta chambre et ayant fermé la porte prie ton Père qui demeure dans le secret et ton Père qui voit dans le secret te récompensera » Mat VI-6.

La prière communautaire s’inscrit dans « ma » relation à l’autre auquel je suis uni par le Christ « Là ou deux ou trois sont réunis en mon nom je suis parmi eux » . C’est la prière « liturgique », action-prière commune. Une prière qui est toute entière exprimée à première personne du pluriel : NOUS…. te prions, te louons, te présentons notre action de grâces, te supplions : « viens sur nous (Esprit Saint) et sur les dons que nous te présentons ». Cette démarche communautaire est ultimement la seule qui peut nous aider à surmonter les passions de division, car là le Christ est parmi nous et parce qu’Il est parmi nous, il n’y a plus « ni juifs ni grecs….. »(Gal III,28) Sur les lieux de combat, la douleur peut faire perdre totalement la raison ; des appels au meurtre peuvent être observés même en église. Ces appels sont des « re-crucifixions » du Christ lui-même à travers les visages qui sont massacres. Mais nous qui par grâce ne sommes pas aujourd’hui sur ces « terres de mort », préservons notre paix fraternelle en priant ensemble, car c’est quand nous sommes ensemble – et non pas en distanciel - que « le Christ est parmi nous », et c’est quand nous sommes ensemble – réunis - que nous recevons, comme les apôtres, le Saint Esprit, consolateur.

 CHERS FRERES ET SŒURS EN CHRIST,

Nous reprenons la vie liturgique de notre paroisse après cette trêve estivale qui a été marquée par l’épisode de la canicule, les incendies et les inondations, et plus ou moins loin de nous les guerres insensées, notamment celle qui meurtrit certaines de nos familles en même temps qu’elle suscite l’inquiétude pour un avenir proche.  
Nous sommes dans la tribulation, la terre entière est dans la tribulation, cette tribulation dont le Seigneur nous dit qu’elle ne doit pas nous décourager : « vous serez dans l’adversité », ou « vous serez dans l’épreuve » mais « prenez courage » ou « soyez plein d’assurance » (JnXVI-33) ; nous pouvons ajouter ici « ayez confiance ».

         La peur est l'adversaire de la confiance car l’adversaire est le tentateur lui-même qui veut nous éloigner de Dieu, nous isoler, nous entraîner dans le découragement.  La peur n'est pas la « crainte de Dieu » que nous confessons notamment en nous approchant du Saint calice. La « crainte » de Dieu porte en elle-même la confiance car elle est en réalité l'expression de l'abandon humble, confiant dans la miséricorde, la bienveillance du Seigneur, « Dieu bon et ami de l’homme », venu dans le monde pour le sauver.

          Soulignons que l’œuvre rédemptrice du Seigneur concerne bien non seulement le salut des hommes mais aussi celui « du monde » c’est-à-dire de toute la création, cette création qui nous a été confiée pour en assurer sa fructification en coopération et  en action de grâces.
       
        Mais « nous » avons choisi de nous approprier totalement ce qui ne nous appartenait pas et nous nous sommes  condamnés à vouloir contrôler, dominer , manipuler… N’est-il pas évident aujourd’hui que « nous » avons entraîné la création dans le désordre et une désintégration qui nous échappe…. . Cette évidence a conduit le patriarche Dimitrios 1er  à proposer en 1989 de consacrer le premier jour de l’année ecclésiastique, « jour de la sauvegarde de la Création » car dit-il   « l’action dévorante de l’homme contemporain a déjà amené le monde au bord de l’autodestruction apocalyptique ».

        Cette initiative prophétique a suscité la composition du kondakion suivant :
« Jadis Adam au paradis avait reçu l'ordre de le cultiver et de bien le garder, mais il désobéit et la porte en fut fermée. Quant à nous qui sommes sans cesse tentés de goûter à la connaissance du mal, cet arbre amer, mettons nous à l’œuvre pour protéger la création et faucher les ronces de la pollution, Car c'est en changeant de conduite que nous retournerons vers notre Seigneur »


     « Changer de conduite pour retourner vers le Seigneur » : il s’agit bien d’une metanoïa, d’un retournement, d’un repentir, de l’ultime humilité qui doit nous permettre de restaurer la collaboration que le Créateur Dieu nous a offerte.

       Cette humilité fut celle de Marie, la Mère de Dieu, qui s'est totalement « abandonnée »,  (« Que tout se passe pour moi comme tu l'as dit » - Lc I-38) . Ainsi s’accomplit en elle l’union des deux natures sans confusion ; ainsi elle est la collaboratrice de son Fils dans l’œuvre du salut.  Protectrice des chrétiens, elle est aussi la reine du monde,  la protectrice de la création. Pour cette raison l’Eglise a fixé la célébration de la Nativité de la Théotokos au début de l’année ecclésiastique - 8 septembre (reporté cette année au 10 septembre)

          Cette œuvre du salut pour laquelle le Christ naît dans le monde est accomplie sur la Croix, instrument de la Passion en même temps que trophée de la victoire sur le démon et sur l’enfer. Par la Croix que le salut est offert à tout l’univers. C’est pourquoi en ce nouvel an nous célébrons aussi « l’Exaltation de la Sainte Croix » -14 septembre (reporté cette année au 17 septembre).

        Permettez frères et sœurs de rappeler qu’on n’est pas orthodoxe en théorie, intellectuellement, émotionnellement, ou institutionnellement. On l’est en action, ce qu’implique le mot liturgie. La liturgie est une action qui se situe dans ce monde et hors de ce monde, ou plutôt au-delà de ce monde ; c’est une célébration - action qui rend pleinement présent le Christ rédempteur.

Le Christ, Dieu devenu homme, incarné dans cette création S’offre dans sa divino humanité pour que nous puissions lui offrir dans une action de grâces (eucharistie) sa propre création : « Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous Te l’offrons en tout et pour tout ». En cela réside notre collaboration, notre coresponsabilité ; plus que jamais, en plus des actions scientifiques, politiques et sociales, la création a besoin de notre participation, de notre « liturgie », action de sanctification pour la Vie du Monde.

  L’action liturgique, nécessairement communautaire nous sort de notre isolement ; elle nous met en relation les uns avec les autres afin que nous priions les uns pour les autres et pour qu’ensemble nous communions aux saints dons vivifiants et  que nous soyons participants à la transfiguration du monde et non à sa défiguration.

 

Ce 1er septembre 2023,

 père Jean           

CROIS-TU CELA

Intervention du dimanche 19 janvier 2025 du P Jean

pour l’ouverture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens

(Paroisse St François Xavier – Marseille)

Jésus pose cette question à Marthe après s’être « révélé »:  Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi  vivra quand même il serait mort et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais »

Marthe répond « oui Seigneur je crois que tu es le Christ le fils de Dieu celui qui vient dans le monde ». Marthe est peut-être la première à pouvoir formuler cette confession en toute conscience,  en toute certitude.

En effet lorsque bien avant - Pierre,  répondant à la question « et vous qui dites vous que je suis », affirme en termes quasi identiques « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant », mais Jésus lui dit : « heureux es-tu Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela mais mon Père qui est aux cieux ».  (Mat XVI. 15/17)

Comme si il était encore impensable à ce moment-là de concevoir que Dieu puisse « prendre chair », de concevoir « l'incarnation » sans que cela ne  soit « inspiré, - on pourrait dire « soufflé »  - car il s’agit bien d’un souffle – venu d’en Haut. Croire que Dieu puisse se faire homme !  Cette proclamation formulée  par le concile de Nicée au bout de trois siècles de chrétienté, et dont nous allons  comme nous le savons, célébrer cette année le 1700e anniversaire, demeure sans doute la plus grande difficulté pour la (seule) raison humaine.

L'ensemble de l'évangile est jonché du début jusqu'à la fin c'est à dire après la résurrection d’épisodes de doute, d'incrédulité, évoqués par Jesus, et de toute évidence qui l’attristent :

Quelques exemples :

*Mat VIII/26 à l’occasion d’une tempête : «  pourquoi avez-vous peur, Jean de peu de foi »

*Mat XIII/58 à Nazareth : «  il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité »

*Mat XVI/8 : pourquoi raisonnez vous en vous même, gens de peu de foi

*Marc XVI/14 : « il apparut aux 11 pendant qu'ils étaient à table, et leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur parce qu'ils n’ avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité

*Luc XXIV/25 : aux disciples d’Emmaus) : « Ô homme sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes »

Et bien d’autres exemples encore, dont un,  non seulement  l’attriste mais l’irrite profondément, voire qui l’exaspère, à propos d’un lunatique que les disciples n’ont pu guérir, rappoprté par les trois synopptiques : «  race incrédule et perverse (engeance de vipère disent certaines traductions) jusqu'à quand serai-je avec vous,  jusqu'à quand vous supporterai je ?

 

Ayons en mémoire ces épisodes car ils nous rappellent la difficulté de croire ; qui pourrait se dispenser de prier comme  le père de l’enfant « possédé » : « je crois !  (mais ) viens au secours de  mon manque de foi ».(Mc IX. 24)

Notons que dans cette brève réponse qui résume tout ; « je crois mais viens au secours de mon manque de foi » sont utilisés deux termes qui en français relèvent de deux racines distinctes: croire et foi - du latin credere et fides

En hébreu, en grec, en slavon , le verbe et le substantif proviennent de la même racine. Mais  « credere » signifie bien « faire confiance »- « placer son cœur ». Et « fides » est bien cette fidélité qui elle aussi consiste à accorder sa confiance.
Mais que remarquons que l’expression «  avoir la foi » est inappropriée et peut induire en erreur dans la mesure où la foi-confiance ne relève pas d'un « avoir » d'une « possession », mais au contraire d’un abandon de toute possession et de compréhension que requière la raison.

La confiance est une démarche humble, d'abandon de soi («  que celui qui veut me suivre, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix » Mat XVI .24) Renoncer à soi-même, c’est-à-dire renoncer à être un petit dieu qui veut tout comprendre et dominer.

Là est le cœur de la difficulté. « Le cœur », c'est justement à ce niveau que les choses se jouent si l'on peut dire. Évoquons un autre épisode, le plus significatif, ou illustratif : la marche sur les eaux, notamment en Matthieu 14/28-31 : Pierre dit à Jésus : Seigneur si c'est Toi,  ordonne que j'aille vers toi sur les eaux. » Et Jésus dit : « viens ! Pierre sortit de la barque il marcha sur les eaux pour aller vers Jésus,  mais voyant que le vent était fort il eut peur et il commençait à enfoncer ;  il s'écria « Seigneur sauve-moi » !  aussitôt Jésus étendit la main le saisit et dit : « homme de peu de foi pourquoi as-tu douté ».
Dans un premier temps le cœur ardent de Pierre, totalement confiant,  le pousse à partir sur les eaux. Mais en cours de route, à la faveur de la tempête, la logique, la raison dit à Pierre : «  non ce n'est pas possible » …et il coule.
Cet épisode  peut faire  penser à un enfant de deux-trois  ans que le père met sur un muret, et s'étant éloigné d'un mètre propose à son enfant de se jeter à travers le vide dans ses bras. Et l'enfant le fait sans hésiter et en riant!

Quelle jubilation pour le père.

Nous devrions être  comme cet enfant devant notre seul Père, Dieu. C'est bien pourquoi Jésus dit aussi « laissez venir à moi les petits enfants ».(Mat XIX. 14)
Le doute, est l’une des armes les plus fortes du séducteur, du tentateur, de Satan comme le nomme Jésus en personne au désert, car il est l' « adversaire ».(Mat XVI 23)

Le doute, qu'une partie de notre culture à érigé en vertu, car ne pas douter, ne pas mettre en question,  c'est être crédule,   c’est-à-dire  un peu « simplet ».

C'est pourtant bien cette incrédulité que le Seigneur déplore avec tristesse comme nous l'avons vu.

Et il situe cette incrédulité, au niveau du cœur, de l’âme, pas de la raison.
Aux disciples d’Emmaus, il reproche bien « le cœur  lent à croire ».
Dans son apparition aux onze déjà évoquée, Jésus reproche leur « incrédulité » et la « dureté de leur cœur ». La raison n’a pas vocation à croire mais pour com-prendre, prendre avec soi ; mais Dieu demeurera toujours l’incompréhensible, l’inaccessible, l’invisible mais pas l’inconnaissable ; le cœur con- naît. « Naître avec » c’est à  dire entrer en com- munion, Et par la même faire l’expérience de la participation aux énergies divines. « Viens, demeure en nous « , dis la prière « orthodoxe" adressée au Saint Esprit . Car c’est le Saint Esprit – Saint Souffle qui nous enseigne toute chose et nous fait connaître Jésus - le Christ, et par Lui le Père : « Qui m’a vu, a vu le Père ». Pour reprendre l'image des poumons, le poumon oriental met l'accent sur cette connaissance de Dieu  qui est une expérience participative, mais exclut il faut le dire toute  référence à la  raison. Grégoire Palamas, un père de l’église, quasi contemporain de Thomas d’Aquin, est particulièrement insistant sur ce point

Dieu ne se raisonne pas, ne se démontre pas, Dieu ne donne aucune preuve de son existence, il donne des signes que seul le cœur-âme peut  percevoir, re-connaître….
 

Au soir du jour de sa résurrection le Seigneur se tînt au milieu de ses disciples et après leur avoir dit « la paix soit avec vous » il leur montra ses mains et son côté ». En voyant le Seigneur les disciples furent tout à la joie.

Remarquons que le Seigneur a spontanément montré ses mains et son côté dès le premier jour par conséquent l'incrédulité de Thomas sera toute relative puisqu'il ne demande à voir que ce que les autres ont vu.

Et donc huit jours après le Seigneur accède à la demande de Thomas, lui offre non seulement de voir mais de toucher son côté, en lui disant « cesse d'être incrédule et devient un homme de foi », c’est à dire « deviens croyant ».
Il n'est pas dit que Thomas toucha, mais son cœur est touché, se retourne,  et  confesse le Seigneur - Christ , comme personne ne l’a fait avant lui en disant :  « Mon Seigneur et mon Dieu ».

 Jésus lui dit alors « parce que tu m'as vu tu as cru ; bienheureux ceux qui sans avoir vu ont cru ».

Nous ne sommes pas en situation de voir comme il était donné aux disciples de voir. Mais à leur suite nous avons reçu l'Esprit Saint qui lui doit nous permettre de croire sans avoir vu, et d'annoncer au monde la bonne nouvelle : « allez baptiser les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Quant à moi je suis avec vous jusqu'à la fin des temps. ( Mat XXVIII. 20). Et tout homme qui croit en moi aura la vie éternelle. » (Jn VI.47)            

Viens Seigneur au secours de notre manque de foi, afin que chacun de nous puisse dire avec Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ».

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